Intro

 Aimez-vous l’impossible ? Nous n’entendons pas par là le dépassement de soi, les réalisations surprenantes ni même les trouvailles peu probables. Ici, nous parlons *d’impossible*, d’irréel, de concept qui n’existe pas et de question qui ne vaut pas le coup d’être posé, car tout marche très bien sans cela. Dans de cas : un petit café, une musique de fond plutôt jazz et nous espérons pouvoir titiller vos questionnements stupides pendant les quelques minutes que demandera cet article.

 Tout le monde a déjà entendu “suspension consentie de l’incrédulité”, c’est la petite série de mots qu’on a tous déjà prononcé une fois dans notre jeunesse pour prétendre a des connaissance “artistique” lors d’une conversation sur une oeuvre qui rate notre immersion, ne mentez pas. Bien que particulièrement ennuyeux mais neutre, nous allons prendre la [définition Wikipedia](<https://fr.wikipedia.org/wiki/Suspension_consentie_de_l%27incr%C3%A9dulit%C3%A9>) du terme : “L’expression **suspension consentie de l'incrédulité** décrit l’opération mentale effectuée par le lecteur ou le spectateur d'une œuvre de fiction qui accepte, le temps de la consultation de l'œuvre, de mettre de côté son scepticisme.” on parle ici de scepticisme scientifique (ou rationnel / contemporain), la définition est un poil plus confus et long donc je vais me risquer à la résumé très simplement : le doute ou questionnement naturel. Pour simplifier ici nous apprenons que la SCI (ça sera son petit nom) précise l’action d’accepté d’arrêté de se poser trop de questions et de douté de la faisabilité et/ou crédibilité d’une oeuvre de fiction, très souvent dans le but de garder une certaine immersion.

 Toutes les oeuvres que vous avez pu lire, regardé, joué dans votre vie vous ont demandés de garder au maximum votre SCI pour pouvoir profiter de votre consultation. Nous n’allons pas réinventer la roue en prétendant que cela soit faux, en plus d’être extrêmement prétentieux ça revendiquerait énormément de travail. Non, au lieu de cela nous allons “simplement” nous demander s’il est possible d’imposer cette suspension de l’incrédulité aux différents lecteurs, spectateurs, joueurs et ainsi de forcer son immersion dans une oeuvre, et si c’est le cas, si cela se fait-il déjà.

Sommaire

  1. La possibilité théorique
  2. L’existence de la SNCI
  3. Conclusion

La possibilité théorique

 Cet article n’a aucune prétention d’objectivité ni de savoir absolue, c’est pourquoi nous allons nous limiter à trois médiums uniquement : la littérature, le cinéma et le jeu vidéo. En plus de limiter notre champ des possibles ce sont des médiums qui partagent beaucoup entre eux, donc tout est bénéfique.

 Commençons par le commencement : qu'est-ce qui permet le consentement d’une personne dans ces médiums ? À cela nous pouvons dire que ce sont : le réalisme, les explications fournis par l’oeuvre et l’imaginaire collectif. Si l’oeuvre est réaliste il n’y a pas de raison de douter d’elle, si elle est extraordinaire l’oeuvre nous fournira les clés de compréhension pour comprendre naturellement, et si elle est fantaisiste elle se rapprochera forcément d’une connaissance acquise lors de notre évolution personnelle donc semblera “naturelle”. Mais quand est-il si l’oeuvre manque d’explication ou est trop fantaisiste pour se rapprocher d’une quelconque connaissance ? Par exemple que se serait-il passé si, dans le film *Bladerunner*, nous n’étions pas au courant que les androids ont des trais humain ou encore que dans *Final Fantasy VII* au lieu de solda et robot de la *shinra* nous affrontons des guitaristes et des cuisiniers ? La réponse est simple : nous aurions perdu notre consentement à un moment ou un autre, donc pas put nous immerger dans les univers car pas assez informé ou trop illogique pour notre imaginaire collectif. *et ça aurait été bien dommage de passer a coté de ces deux oeuvres*

 Maintenant que nous connaissons la limite supposé de notre consentement, il faut savoir si elle est binaire ou s’il est possible de la confondre. C’est ici que nous perdons l’exactitude de notre discours, car ce consentement n’aura pas la même limite pour tout le monde. Quelque chose qui est acceptable par une personne pourra être complètement rejeté par une autre, et donc personne n’aura la même polyvalence dans cette faculté à confondre la limite de son consentement. Cela sera donc dans cette limite, si elle peut être confondue, que se situera la possibilité de la SNCI donc pour les besoins de cet article nous considérons que cette limite existe (*pour les besoins de cet article uniquement, nous n’affirmons rien d’objectif, d’absolue ni de scientifique*) ce qui va nous demander maintenant d’y chercher des références.

L’existence de la SNCI

 Commençons simple par de la littérature. Connaissez-vous H.P.Lovecraft ? Si ce n’est pas le cas, Lovecraft n’a écrit principalement que des nouvelles, qui est un forma plutôt court, et possède un style d’écriture qui laisse beaucoup place à l’interprétation et à l’imaginaire de ses lecteurs. C’est justement là où nous voulons en venir, dans ses nouvelles (comme *Polaris* ou encore *l’étrange maison blanche dans la brume* qui est très courte) l’auteur ne donne presque pas d’explication au lecteur et se contente de décrire l’action. Nous sommes donc dans une position surréaliste et sans explication, or il est possible de comprendre ces nouvelles une fois finies, de se faire une image mentale de la scène et de les lire sans problème, dans un sens il est possible de s’y immerger … mais une fois fini. La complexité de l’auteur ainsi que la taille de ses nouvelles encouragent leur relecture, et c’est ici que nous pouvons trouver cette confusion dans notre consentement. Ici certaine oeuvre manque bien trop d’informations pour que nous puissions nous y immerger par nous-mêmes, mais le médium nous le permet malgré nous, “simplement” par ce manque d’information dérangeant, nous incitant à une seconde lecture parfaitement consentis.

 Attaquons-nous au cinéma à présent. Le cinéma triche, car le cinéma ne nous demande aucun effort. Ce médium n’a aucunement besoin de nous pour se dérouler. Que nous soyons immergés ou non, que notre incrédulité soit suspendue ou pas, un film (pour l’exemple) se jouera seul, il n’a donc aucun intérêt à s’imposer. Cependant le procédé peut exister, mais aura comme seul intérêt de créer l’inconfort du spectateur avec l’aide des spécificités de ce médium et interviendra dans de très rare cas. Ici son objectif sera de profiter de l’immersion et de la SCI du spectateur pour créer un moment inattendu qui ne serait jamais arrivé sans cela. Pour illustré nous pouvons prendre comme exemple des films comme *The Shining* ou encore *Memento.* Dans le premier les nombreuses incohérences que présente l’oeuvre permettant de perdre le spectateur dans l’univers à des occasions précises (mais pas forcément pour tous les spectateurs) pendant l’espace d’un bref instant, instant pas assez long pour décrocher le spectateur. Pour le second, son montage découpé en plusieurs flashbacks, plus ou moins long, permette au spectateur de s’immerger dans chacun d’entre eux. Ainsi lors d’un passage à un autre flashback nous sommes dans l’impossibilité de nous situés dans la chronologie du film, du moins au début du film, notre suspension reste car l’univers reste inchangé mais nous sommes perdus dans le film.

 Quant au jeu vidéo, c’est un poil plus complexe. Pour cet article nous allons oser, et prétendre que le consentement dans le médium du jeu vidéo ne peut pas exister. La raison est simple : nous sommes l’acteur. Le jeu vidéo demande l’interaction, qu’il s'agisse de simple choix ou d’interaction plus complexe comme les déplacements d’un avatar ou la gestion d’une ville. Mais avant tous, ne faisons pas l’amalgame, le jeu vidéo par sa spécificité ne demande pas le consentement de sa suspension d’incrédulité or l’histoire qui est généralement proposée par le jeu ne dépend que très rarement de sa spécificité, elle se rattache généralement aux deux précédents médiums qui sont : le cinéma et/ou la littérature. Ici nous scindons le jeu vidéo en deux : d’une part le jeu et de l’autre la “vidéo” qui peut très bien être de la littérature et/ou du cinéma, une fois que cela est fait nous pouvons comprendre pourquoi le jeu impose la suspension d’incrédulité.
 Comme déjà dit, nous sommes acteur lors du jeu. Pour que nous puissions être acteur il nous faut un minimum d’immersion, le simple fait de saisir une commande (incliné un stick par exemple) pour faire déplacer un personnage nécessite de l’immersion pour être réalisé instinctivement. L’instinct nécessite l’immersion, volontaire ou non. Le simple déplacement d’un avatar demande une suspension de l’incrédulité, car non naturel, mais il n’est pas possible d’y consentir car cette action demande à être instinctive. Nous pouvons consentir son apprentissage, mais pas son exécution pour le bien de l’immersion.

Conclusion

 Pour conclure je tiens à rappeler encore une fois que cet article n’a aucun but objectif, ni même éducatif. Nous précisons ici une réponse potentielle à une question qui au mieux mériterait un plus long traitement et une meilleur documentation, au pire n’a pas lieux d’exister.

Cela répété, notre but ici était d’imaginer les circonstances de la SNCI et son utilisation. Bien que difficile de dissocier “immersion” et “suspension de l’incrédulité”, puisque l’un a besoin de l’autre et inversement, il est tout à fait possible d’y trouver une définition ainsi qu’une utilisation propre a chaque médium présenté ici à la confusion du consentement que nous pouvons permettre à l’égard d’une oeuvre fictive.

Merci d’avoir lu, tout retour qu’il soit positif ou négatif est bon à prendre. See you in space..